Victimes et héros de la déportation : Les femmes à l’honneur
Des écrits pour raconter l’horreur
“Ô vous qui savez, saviez-vous que la faim fait briller les yeux, que la soif les ternit. Ô vous qui savez, saviez-vous qu’on peut voir sa mère morte et rester sans larmes. Ô vous qui savez, saviez-vous que le matin on veut mourir, que le soir on a peur (...)” Cette année, la Ville avait décidé de rendre hommage aux femmes déportées dans le cadre de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. La cérémonie a ainsi été ponctuée de poignantes lectures de textes de l’écrivaine Charlotte Delbo par les élèves de l’atelier théâtre de Gallia Pin – Monique Reignier, Benoît Mary, Suzanne Moulart et Annelise Rossacrossa –, issus du recueil de poèmes au titre explicite, Prière aux vivants, pour leur pardonner d’être vivants.
“Les mots peinent à décrire ce qui se cachait derrière les lourdes portes camps de la mort. Il faut pourtant essayer de les trouver pour rendre le juste hommage à ces millions d’hommes, de femmes ou d’enfants qui ont trouvé la mort dans ces camps (…)”, souhaitait la maire Amandine Demore dans son discours. Charlotte Delbo y était parvenue…
Un récit à perpétuer
Arrêtée avec d’autres femmes dont Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier ou Hélène Langevin, Charlotte Delbo a été déportée à Auschwitz, libéré il y a 80 ans, le 27 janvier 1945. Transférée à Ravensbrück début 1944, elle a été libérée en avril 1945 après 27 mois de déportation. Des deux cent trente femmes déportées avec elle dans le convoi du 24 janvier 1943, quarante neuf seulement en sont revenues…
A son retour, l’écrivaine a témoigné à travers “des textes magnifiques, puissants, qui rendent hommage à ses amies de déportation et interpellent les vivants”, comme l’expliquait l’adjointe au travail de mémoire Jacqueline Madrennes, à l’origine de cette belle initiative. Elle a aussi lu le texte de l’Association de la Fondation pour la mémoire de la Déportation-Isère (AFMD 38), citant le chanteur Damien Saez dans son titre Fils de France, sorti en 2002 : “Nous sommes la nation des droits de l’Homme, nous sommes la nation de la tolérance, nous sommes la nation des Lumières, nous sommes à l’heure de la résistance.”
Preuve que d’autres ont pris le relais pour continuer à témoigner.
