À chacun son sommet : 11 jeunes échirollois au (Grand) Paradis
Entraide, abnégation et savoir-vivre
Refuge Vittorio Emanuele II, 1er juillet, 4h30 du matin, 2 700 m d’altitude. Les frontales s’allument, une à une, et éclairent le sentier qui mènera, après cinq heures de marche, au sommet du Grand Paradis. 24 petits points lumineux forment ce groupe d’alpinistes aguerris ou en herbe, qui, il y a encore quelques mois, ne se connaissaient pas. Initié à l’automne par les directions sport, jeunesse et prévention de la mairie, ce projet d’ascension a été préparé minutieusement par les éducateurs et animateurs, et co-financé par la Ville, la Préfecture, OSE, AIH et l'association En passant par la montagne. "Un projet qui possède plusieurs objectifs, notamment pédagogique. En choisissant de s'investir, les jeunes ont développé des valeurs d'entraide, d'abnégation et de savoir-vivre", expliquent Ali, Said et Abdel, les trois éducateurs présents lors de l'ascension.
Un an de préparation
À chacun son sommet, c’est, à l’origine, 35 jeunes des secteurs Ville Neuve et Ouest a qui l’on propose de découvrir le milieu montagnard, ses valeurs, sa beauté et ses professionnels. Il y a eu des bivouacs, des sorties raquettes, un refuge, un entraînement d’alpinisme, une préparation physique, des ateliers diététique… Tout pour être prêt physiquement le jour J. Il y a aussi eu les rencontres avec la Fédération iséroise du don de sang bénévole, les stands de sensibilisation, les ateliers d’écriture de slogans -repris par la Fédération régionale-, les premiers dons. Tout pour mesurer l’importance de ce geste. Et puis il y a eu la rencontre, organisée dans le cadre du projet Quartiers en montagne porté par la Préfecture, à la base hélicoptère de la Sécurité civile du Versoud, avec les professionnels du secours en montagne. Les jeunes ont rencontré l’équipage Dragon de la Sécurité civile, le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et la CRS des Alpes. Tout pour comprendre des dangers de la montagne et des anges-gardiens qui parfois, y laissent la vie pour sauver celle des autres.
Un séjour éducatif
Dans ce projet, il fallait une équipe professionnelle prête à encadrer les plus aguerris et motivés des jeunes et les animateurs qui tenteront ce 4 000 des Alpes. C’est l’association En passant par la montagne qui prend en main le côté logistique et pratique : prêt de matériel, encadrement par des guides de haute montagne, réservation du refuge… "L'idée, en organisant ces sorties, c'est de transposer ce qu'on a vécu et appris en montagne dans son quotidien. Ce sont des vrais séjours éducatifs qui permettent à tous de se dépasser", observe Clotilde Guillet, cheffe de projets dans l'association. À ses côtés, Léo Bréchignac, guide de haute montagne: "En montagne, on ne peut pas tricher, on est face à un élément bien plus fort que nous. Cela permet de mieux nous connaître et de donner le meilleur de nous-même."
Une fierté partagée
Et le jour J, en gravissant les derniers mètres sur les blocs d’orthogneiss au-dessus du glacier, c’est l’ensemble des cordées qui laisse éclater sa joie d’y être arrivé. À 4 061 m, l’arrivée est tout en sourire, en émotion et en accolade pour les onze jeunes, trois éducateurs, sept guides, deux salariées de l’association et sa marraine Hillary Gerardi, grande athlète venue vivre ce moment fort avec le groupe. Fierté, abnégation, esprit de cordée, tout était réuni pour faire de ce moment fugace un souvenir gravé dans les mémoires de cette joyeuse troupe. "J'ai senti une grosse cohésion dans le groupe. Les jeunes voulaient arriver au sommet ensemble, ça a aidé à pousser le groupe vers le haut", félicite Nicolas Morell, guide de haute montagne. "Je suis fier de moi, c'est peut-être la première fois que je le dis. Mais je suis surtout fier du groupe et de ce qu'on a accompli", complète Aslan, l'un des jeunes alpinistes en herbe.
Un souvenir gravé dans les mémoires et en images
Une fois redescendus au refuge, le temps du bilan et des impressions permet à tous les participant-es de s'exprimer sur cette réussite collective. "Ça s'est super bien passé, les jeunes se sont appliqués pour être prêts dans ce milieu montagnard, qui m'apporte beaucoup et qui j'espère leur aura apporté aussi. C'était fabuleux!", s'enthousiasmait Hillary Gerardi. "On a découvert un milieu inconnu pour nous, qui avons plutôt l'habitude du foot dans nos quartiers. Être ici, et vivre ce qu'on a vécu, on s'en souviendra toute notre vie", commentait Anis, l'un des jeunes, visiblement ému de son aventure. Émotion partagée par les trois éducateurs, fatigués mais satisfaits de la réussite de l'ascension et d'avoir relevé ce sacré défi. Une année fièrement bouclée donc, et dont les moments forts seront diffusés au Pathé Échirolles fin octobre, grâce aux images en immersion de Lyamine Saoudi de La petite poussée, mais aussi du service communication de la Ville. Une soirée qui s’annonce riche en émotions !