Algérie 1962-2022 : de témoignages en héritage

Thématique actu

Algérie 1962-2022 : de témoignages en héritage

Publié le 1 avril 2022
Modifié le 6 avril 2022
Résumé actualité
Dans le cadre du festival « Algérie 1962-2022, fin de la guerre et indépendance », La Butte a accueilli le spectacle de François Rascalou, "les fils des hommes", qui a été suivi d’un débat fort.
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5 villes et de nombreuses associations ont pris part à la création de cet événement qui, pour sa première saison, va se tenir jusqu’en juillet. Échirolles accueille deux temps, dont cette journée autour de la question des mémoires et du legs. Jacqueline Madrennes, adjointe au travail de mémoire, précise la volonté de la Ville d’accompagner cette démarche et la programmation de cette journée : “Pour nous la fin du colonialisme est une victoire pour tous les peuples et il nous semblait important de croiser les témoignages.” Le spectacle de François Rascalou « Les fils des hommes », qui s’est tenu autour de La Butte, porte littéralement cette question du legs et interroge forcément les consciences. Un point de départ évident pour le débat qui s’en est suivi. À travers des témoignages, il a été question d’échanger autour de cette histoire réelle, souvent tue ou masquée, mais qui revient toujours toucher les mémoires et les êtres.

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spectacle Les fils des hommes de François Rascalou
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Le spectacle de François Rascalou, Les fils des hommes, est une œuvre qui interpelle fortement
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debat la butte algerie 1962-2022
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Jacqueline Madrennes, ajointe au travail de mémoire a présenté le débat et la démarche de la Ville, devant Pierre Audin, en visio, fils de Maurice Audin, militant assassiné par l'armée française en 1957.
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L’artiste François Rascalou revient sur sa prise de conscience alors qu’il lit un ouvrage sur la guerre d’Algérie “Je me suis demandé pourquoi moi, fils de la guerre d’Algérie, j’étais à ce point touché. J’ai travaillé sur moi puis je suis allé rencontrer d’autres fils. Quand j’ai dit que je voulais travailler sur un spectacle sur la guerre d’Algérie, mon technicien, un ami que je savais pied-noir, me dit c’était impossible de traiter de ce sujet. J’avais aussi dans mon équipe de danseurs des fils et filles de. Tout le monde était raccroché. Tout à coup, je me suis retrouvé porteur d’un héritage que je ne supposais pas. explique-t-il. Un témoignage impactant qui a précédé le récit de l’histoire de Maurice Audin, militant assassiné par l’armée française en 1957, raconté par son fils Pierre Audin, et le combat mené par sa mère pour la reconnaissance par l’État du crime d’État dont Maurice Audin a été victime. Un moment très fort.

Le champ historique en question

Avec ces témoignages, le sujet de la transmission d’une histoire commune et indiscutable se fait jour. Mariano Mona, du collectif Algérie au cœur, en livre son sentiment. “Sur la question de l’Histoire, ça fait 30 ans que je me bats avec mon association pour que ça sorte de l’oubli. Je me suis rendu compte que les historiens ne travaillent que sur les champs qui sont dégagés par les citoyens. L’histoire n’est pas quelque chose qui se fait d’en haut. Il faut qu’il y ait un mouvement, un intérêt. Entre ce qui se dit aujourd’hui et ce qui se disait il y a 30 ans, c’est le jour et la nuit. Comment on peut faire société commune en croisant toutes les histoires ? 73 % des jeunes ont entendu parler de la guerre d’Algérie par l’école et 50 % par la famille. L’école et le débat citoyen permettent aux jeunes d’aujourd’hui de se décaler des histoires, de ce qui est dit et de ce qui n’est pas dit, pour aller interroger. Sans ça, on reste dans le silence. Ce n’est pas génétique, mais il y a une histoire qui se transmet. Comment on gère cette histoire qui est lourde ? De mon point de vue, on doit combiner une histoire particulière avec ce qu’une société est capable de dire de cette histoire là.” Un débat qui n’a pas manqué d’alimenter les réflexions de chacun et chacune des participant-es.

MB

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debat la butte algerie 1962-2022
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Le débat, ici avec l'artiste François Rascalou au micro, a interrogé les questions des héritages de la mémoire et de l'histoire

“Femmes combattantes”
Rendez-vous le samedi 9 avril, à 20h, à La Ponatière

Le prochain temps sur la ville se tiendra le samedi 9 avril avec le spectacle “Femmes combattantes” de la compagnie amateur du Théâtre de la renverse. Il s’agit d’esquisser, à travers une pièce non historique, le portait de femmes, militantes et courageuses, qui se sont battues pour la liberté, la justice et l’indépendance des peuples. Une création d’André Bon, qui souhaite aussi faire rire malgré le sérieux du sujet et des aspects dramatiques évoqués.

Entrée gratuite sur réservation bonandre834@gmail.com

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Retrouvez le programme du festival ci-dessous
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